ArA Petite souris grignoteuse de lettres
Messages : 69 Date d'inscription : 24/11/2009 Age : 29 Localisation : France, Alsace
| Sujet: Ära Dim 1 Aoû - 19:45 | |
| Prologue :
- Spoiler:
Le jour de la naissance d'un futur membre d'une lignée de marchands prospères, habitant dans un village isolé en Helvétie, on aurait pu penser que cet évènement soit considéré comme béni des Dieux. Pourtant, aux premiers cris du nouveau-né on entend au loin la vallée trembler.
L'Augure, le sombre messager, qui précède la venue de la Mort, enveloppe alors dans son linceul le hameau. Les ténèbres s'abattent sur le village, et la pluie commence à frapper, puis céda la place à la grêle. Les villageois fuirent vers leur logis en attendant que le ciel s'éclaircisse, malheureusement ce sera la dernière fois qui pourront l'apercevoir. Un déchainement d'évènement improbable s'acharne alors. Pourquoi ce village, pourquoi ce jour là? Personne ne saurait le dire, mais c'est ainsi. L'enfant, blotti dans les bras de son père, entend des cris, des hurlements, il sent une odeur infâme, mais ne sait pas encore à quoi la comparer. Son père lui cache les yeux, il ne sait pas ce qui se passe, il comprend seulement que quelque chose de terrible se produit. Ils entends des villageois courir dans tous les sens, tentant de fuir quelque chose qu'ils ne pouvaient même pas comprendre. Soudain, tout s'arrêta. Son père était arrivé au village voisin, bien que meurtri d'une flèche dans l'épaule. Il posa l'enfant à côté de lui, tenta de crier à l'aide, mais c'était au dessus de ses forces. Il protégea l'enfant du mieux qu'il pu du froid oppressant, et avança en se tenant l'épaule par la main, puis à quelques pas de la porte de la maison du guet, il s'écroula littéralement sur la porte, et dans une douleur insoutenable parvint à émettre un hurlement affreux déchirant le sommeil tout autour de lui. L'homme de guet se précipita au dehors, laissant son jeu de carte et ses gains à l'abandon sur la table, pour voir un homme qui ne ressemblait plus vraiment à grand chose. Il constata qu'il saignait aux pieds, laissant un sillon derrière lui. Cet homme avait courra sur près d'un kilomètre pied nu, sans se soucier de sa douleur. L'homme cria à l'aide avant de mettre l'homme de côté, pour qu'il ne s'étouffe pas dans son sang, puis suivit la trace sanguinolente le menant à un manteau. Il le prit dans ces mains et constata avec horreur la raison qui avait poussé cet homme à faire un pareil acte. Il venait du village le plus proche de chez lui, qui ne comptait qu'une douzaine de famille, et sans aucune défense véritable, si ce n'est quelques arc pour se défendre des bêtes sauvages. Il amena l'enfant à l'intérieur de la palissade en laissant l'homme à la charge de ces acolytes et jura. La zone était si tranquille qu'ils s'était permis une pause, et si jamais le chef l'apprenais il y aurait un cadavre de plus en ce jour sinistre.
Trois jours plus tard, l'homme se réveilla, au chevet de la femme du guet. Il vit, posé sur une chaise, le manteau qu'il avait laissé à son fils, et s'écria :
- Où est mon fils? Où est-t-il?
La femme le plaqua contre lit, car chaque mot qui sortait de sa bouche était joint d'un crachat sanguin. L'homme, encore trop faible, laissa faire, et pendant un moment resta allongé sans rien dire. La femme avait prévenu son mari que l'homme s'était réveillé, et savait dès le jour où elle avait commencé à le soigner qu'il ne tiendrait pas l'hiver, malgré tous les soins qu'elle pourrait lui prodiguer. L'homme de guet s'avança, avec un enfant dans les bras. il le déposa près de son père qui marmonna doucement :
- Mon enfant, tu es en vie, j'avais si peur... Je... Mon village ! Des hommes nous ont dép.. dépouillés de notre foyer, et j'ai bien peur qu'il ne reste que quelques survivants. Mon fils est né le jour-même, il était donc bien évidemment trop faible pour tenter de fuir avec les autres. Je suis parti avec lui, laissant tout derrière nous. Mais le fait qu'il soit en vie me rassure. J'avais tant craint que notre village soit totalement ravagé. Heureusement, l'âme de nos frères résident en lui. Il poursuivra le rêve de nos frères. Je l'appèlerai donc Ära, symbole dans la langue des anciens d'une ère nouvelle. La femme du guet le força à se taire, sachant que chaque mot prononcé le rapprochera plus encore de sa mort, qui allait bien trop tôt arriver.
Chapitre 1 - Spoiler:
Ära était devenu le fils adoptif du guet, et bien que presque personne dans le village ne se souvienne de son origine, elle restait gravée dans sa mémoire et il ne rêvait que d'une chose, la vengeance de toute sa lignée. Sur son lit de mort, son père lui avait confié que l'âme des membres de son village résidait dans quelqu'une des progénitures, et avec elles leur savoir ancestrale. Et c'est à travers la musique qu'ils communient entre eux. Il avait 13 ans désormais, et se devait de devenir l'apprenti d'un des corps de métier du village, pour éventuellement rejoindre une des guildes de la ville ou bien rester à la campagne pour prendre la place de son maître quand celui-ci se fera trop vieux. Il décida de devenir apprenti de l'homme de guet, mais celui-ci avait déjà bien assez de disciples. Il le renvoya chez le bûcheron du village, qui manquait de main-d'œuvre. Au début à contrecœur, Ära constata bien vite que ce travail était très utile pour le village, et œuvrait donc pour sa famille d'accueil. Il devint un peu plus musclé, mais on voyait bien qu'il ne venait pas d'ici. Bien qu'à 2km d'écart, certains villages étaient complètement différents, particulièrement les plus petits hameaux, regorgeant souvent de familles sédentaires depuis peu, venant de loin. Son teint blafard était reconnaissable à 200 mètres, et c'était devenu une moquerie amicale de ces frère de métiers, qui pour la plupart étaient les fils du bûcheron. Après plus de quatre ans d'apprentissage, le bûcheron découvrit qu'Ära s'intéressait beaucoup aux arts musicales, et décida de l'amener dans son atelier. En principe, aucun apprenti ne devait entrer dans l'atelier avant d'avoir prouvé son expérience, et ça n'arrivait presque jamais avant qu'ils n'atteignent 20 ans. Il lui demanda quel instrument voulait-il jouer, et sans hésiter il répondit une lyre. L'homme chercha alors parmi un amas impressionnant de schémas posés sans véritable ordre apparent sur son bureau avant d'en tirer un. Il le montra à Ära, qui en eu les larmes aux yeux. Sur ce papier était dessiné une type de fabrication de lyre qui était unique à son village natal, et assez renommé. Il ne savait pas comment il s'était approprié ceci, et même si un sentiment de vol de culture lui passait par la tête, ce sentiment était submergé par les rares moments dont il se souvient avec son vrai père. Durant les trois semaines à venir, il s'attela à la tâche le soir, après son travail quotidien, pour faire son propre instrument. quand il l'eut fini sommairement, le bûcheron lui donna quelques conseils pour le fignoler, et encore une semaine plus tard il fut prêt. Le premier soir où il l'essaya, il fut soudain enveloppé par des voix venues d'outre-tombe, guidant ses mains sur les cordelettes grossières qu'il avait rajouté la veille. La musique qui sortit de l'instrument enchanta tous les villageois présents autour du feu, et se laissèrent aller au fil de cet air mélancolique que personne n'avait enseigné au jeune homme. Suite à cet évènement, le bûcheron sentait qu'il n'était pas fait pour la vie de coupe de bois, non pas qu'il était inapte, au contraire il égalait presque les autres apprentis qui avaient 2 ou 3 ans d'expérience de plus, mais simplement que le don qui lui avait été donné ne pouvait être mis de côté, et il était fait pour la musique. Plusieurs semaines encore, et l'homme avait obtenu sa majorité professionnelle. A 18 ans, un homme pouvait faire son métier pour lui, recevant le salaire de son travail, bien que beaucoup restent encore sous la tutelle de leur maître quelques années pour parfaire leur technique. Le bûcheron lui annonça alors la nouvelle : il devait partir vivre de son talent, surtout que cette année on connaissait un nombre important de jeunes de 13 ans, et il était contraint de laisser la place aux suivants. Son fils de 21 ans partait aussi, dans un village proche de celui-ci où l'ancien bûcheron était mort de la maladie.
Chapitre 2 - Spoiler:
Le bûcheron lui offrit deux haches de guerre, le manche en bois, surmonté de deux lames en acier opposées. L'homme de guet quant à lui lui offrit un arc recourbé et des flèches en bois d'if. Triste de devoir quitter son seul foyer, il partit le cœur serré. Il se dirigea vers la ville la plus proche, qui était célèbre pour son festival en l'honneur de la fonte des glaces. Il traversa la forêt, rapidement mais d'un pas mesuré, tout en résistant à la tentation de se retourner. Il examina le paysage, tout autour de lui lui permettait de rester serein. Il ne s'était jamais mieux senti qu'en forêt. Il scruta la cime des arbres, marchant dans ces bois qui s'élevaient majestueusement dans la nuit étoilée. Il marchait comme ça depuis bientôt 2 heures, à la seule lumière de la Lune, quand il vit les remparts s'élever au loin. Ça ne ressemblait à rien de se qu'il avait pu imaginer. Il avait aider à réparer certaines zones de la palissade où le bois n'était plus aussi résistant qu'il devrait être, et jamais il n'aurait pu penser que l'on ait besoin d'un véritable mur de pierre s'élevant sur plusieurs mètres. Il n'a connu aucun véritable danger, si ce n'est un sanglier enragé, qui eut pris de peur lorsque que vous l'aviez surpris, et commençait à vous charger pour se défendre de façon préventive. Il s'avança alors d'un pas plus rapide, poussé par la faim et le froid. Encore une heure et il se trouva à une centaine de mètres des remparts. Un garde s'écria alors :
- Étranger, qu'est ce qui t'amène aussi tard? Ne t'a-t-on jamais appris que les portes sont fermées la nuit, même en dehors des couvre-feux? - Désolé soldat, je ne suis jamais allé en ville, ou du moins je n'ai jamais aperçu de lieu ressemblant à celui-ci. Mais j'ai faim et je suis fatigué, pourriez vous laisser entrer un homme en recherche d'une auberge pour la nuit? - Je ne vais pas laisser creuver un homme devant mes murs, même la nuit, on m'en tiendrait responsable, mais je ne peux pas non plus vous ouvrir les portes. Est-ce que ça vous dérangerait d'attendre demain dans ma maisonnée? - Oh eh bien merci, cela me convient entièrement.
Autour du feu de cheminée, Ära raconta son histoire au soldat, qui vivait une vie monotone, surveillant des murailles infranchissables sans arme de siège, qui suffit à dissuader tous les brigands de la région. Puis, il se mit à chantonner un air mystique, racontant une des légendes celtiques de son peuple. Au moment où il chantait cette langue ancienne, il se surprit à comprendre celle-ci comme si il la connaissait depuis toujours. Le chant racontait l'histoire de nomades enrôles par des vikings en Irlande, qui débarquèrent aux rives de la Normandie. Il décrivait la traversée, combattant et pillant un nombre incalculable de navires faisant route vers les villes marchandes de Grande-Bretagne. Le lendemain, il dormit encore plusieurs heures après que le soleil se soit levé. Le soldat était repartit faire son tour de garde pour laisser rentrer les paysans matinaux voulant vendre leurs produits au marché. Ära décida d'aller remercier le garde, mais fut déçu de voir une autre garnison aux portes de la ville. Il avança tout de même pour rentrer dans ce qui lui paraissait être une immense forteresse. Les gardes l'interceptèrent, lui demandant ce qui l'amenait ici aussi lourdement armé, sans pour autant montrer de conviction. On voyait bien qu'ils ne voulaient pas entendre une épopée, et après quelques mots échangés il rentra dans la ville.
Chapitre 3 - Spoiler:
Ära traversa lentement les premières maisonnées. Jamais il n'avait vu autant d'habitations aussi proches et aussi grandes. La plus petite des maisons qu'il voyait faisait presque le double de celle du chef de son village. Submergé par cette grandeur, il marcha encore quelques temps en admirant le paysage. Devant lui se dressait une gigantesque maison, avec une fresque de chasse sur toute une façade. Il s'avança encore un peu et constata que le chasseur tentait d'attraper un cerf avec des bois d'une taille imposante. Il admira ensuite la structure en elle-même. Soutenu par des poutres à intervalle régulier, le bâtiment se prolongeait sur encore au moins 100 mètres. Le toit plat donnait sur des passerelles allant sur les bâtiments voisins. Il remarqua des fissures tout au long du mur. Des meurtrières se rectifia-t-il. Ces trous n'étaient pas naturels, et n'étaient pas assez grandes pour admirer le paysage. Le fait de mettre des moyens de défense à l'intérieur de ces immenses murs le surpris quelque peu, puis il continua son chemin. Il arriva à un grand parc, où l'on avait fait pousser tout un tas de plantes dont il ignorait le nom, et qui n'avaient rien de semblable à ce qu'il avait pu voir jusqu'à maintenant. Malgré la différence d'un arbre à l'autre, il pouvait voir l'harmonie qui régnait entre eux, et vit que leur agencement n'était pas du tout lié au hasard. Il entendit des cris au loin et se dirigea vers le lieu d'où ils provenaient. La petite ruelle qu'il traversait menait à une énorme place, plus grande que son village. Jamais il n'avait vu autant de personne au même endroit. Il n'était pas sujet à de l'agoraphobie, mais il éprouvait un certain malaise quand il se trouvait avec trop de personnes en même temps, ce qui est sûrement dû à sa vie d'apprenti bûcheron, où il ne voyait pas souvent les gens du village, car il logeait un peu à l'extérieur du village, et quand il ne dormait pas là-bas, il rendait visite à son père adoptif qui surveillait l'entrée principale. Il examina de plus près les étendages. Jamais il n'avait vu autant de choix, et autant de choses de valeurs si variées. Il aperçut un magasin où l'on vendait des bijoux finement ciselés d'une valeur inestimable à côté de fruits maraîchers cueillis la veille. Un homme corpulent, voyant que l'œil de Ära était attiré par un instrument, une mandore d'une très bonne qualité, se pencha et lui dit :
- Ah, vous vous avez l'œil, vous. Vous n'êtes pas comme tous ces bourgeois qui veulent un luth, à tout prix un luth. Vous savez reconnaître le travail d'artiste. A combien vous le prendriez? Ne vous inquiétez pas, j'ai la qualité pour toutes les bourses. - Désolé, marchand, je me disait juste qu'avec un tel type de bois, certes le son parait très beau, mais au final il ne tiendra pas plus de 5 ou 6 ans, alors que vous prétendez sur cette étiquette qu'il en vivra le double.
Les quelques personnes autour d'Ära regardèrent alors le marchand, qui commençait à regarder autour de lui pour voir si beaucoup de gens l'avaient entendu, ce qu'il ne l'aidait pas, parce que plus il réagissait sur les propos du jeune homme, plus il appuyait ses dires.
- Ah, je vois que vous êtes coriace en affaire vous, allez, si vous achetez cet instrument, je vous offre cette flute à bec. - Puisque vous m'y faites penser, cette flute aussi n'est pas ce que l'on peut trouver de mieux. On dirait qu'elle est de seconde main.
Le marchand, furieux de voir perdre autant de client à cause de lui, se saisit de sa dague à la ceinture et se mouva plus vite qu'on ne pouvait l'imaginer d'un homme de sa corpulence. Ära esquiva de peu la dague, et se rendit compte trop tard de ce qu'il avait fait. En critiquant le travail d'un artisan médiocre, il s'était attiré ses foudres et risquait bien d'avoir des problèmes avec la police de la ville. Il préféra alors esquiver les coups, plutôt que de répliquer, en espérant que quelqu'un aille prévenir les forces de l'ordre. Au vu de ces armes, le seul fait de sortir sa hache de guerre impliquerait qu'il était le responsable, peu importe qui a commencé à s'en prendre à l'autre, car c'est lui qui avait l'arme la plus imposante. Mais se défendre sans tirer les armes contre un homme furieux et armé, ce n'est pas une mince affaire, surtout lorsqu'on n'a jamais vraiment appris l'art du combat. Il savait se servir d'une hache pour couper un arbre, mais pas pour taillader un homme. Il risquait surtout de bloqer son arme dans le surplus graisseux du marchand, laissant une ouverture pour celui-ci pour faire un coup mortel. On voyait bien que celui-ci était déterminé, et ce n'est pas une blessure qui l'arrêtera, car il a perdu assez de client aujourd'hui pour couvrir ses dépenses du mois, et avare comme il est, il ne risque pas d'oublier le responsable de ces évènements.
Enfin, après plus de 10 minutes à passer à esquiver les attaques du marchand, les hommes d'armes arrivent enfin. Ära et le marchand furent écartés, et voyant bien qu'il ne faisait que se défendre, on laissa Ära tranquille pendant qu'on maitrisait le vendeur. On les amena tous deux à la milice de la ville, qui se trouvait juste à côté du gros bâtiment. On demanda alors à chacun d'expliquer ce qu'il s'était passé, et après avoir comparé les deux récits, on en conclut très vite que ce n'était qu'une bagarre entre deux artisans, l'un plus talentueux que l'autre, bien qu'Ära réfute être un artisan de métier. Tout ce qu'il a dit envers le marchand lui paraissait évident, comme si reconnaître la qualité du bois sans le toucher était inné pour tout le monde, alors que ce type d'arbre ne poussait pas dans le pays.
Un homme sortit de l'immense bâtisse se situant à côté de la milice et vint à la rencontre d'Ära, accompagné de trois hommes dont la taille n'avait pas l'air très naturelle. Une fois à sa hauteur, le petit homme s'exprima :
- Bienvenue dans notre ville artisan. On nous a colporté que vous êtes responsable d'un trouble en ville. Bien sûr, nous savons que vous ne cherchiez pas à tirer l'arme, mais vous êtes tout de même la cause d'un manque à gagner envers la guilde des artisans, car chaque article qui n'est pas vendu par votre faute, c'est une taxe de moins. Alors, vu que vous n'avez pas l'air de bien comprendre et que vous venez de loin, je vais vous dire une chose. Tant que vous n'en saurez pas plus sur notre ville, ne fourrez pas votre nez dedans, et parallèlement, si vous êtes venus ici pour ouvrir un commerce, sachez que votre collaboration au sein de la guilde sera alors obligatoire. - Excusez moi monsieur, je n'ai fait que dire ce qui était, c'est à dire une arnaque grosse comme la main d'un de vos hommes derrières vous, et ce n'est sans aucune arrière pensée que je suis venu dans votre ville. Je ne cherchai pas les ennuis, bien au contraire. Je suis à la recherche d'un travail et je ne sais pas où me rendre. - D'après ce que j'ai pu entendre dire, vous vous y connaissez aussi en sculpture d'instruments, et nous sommes toujours à la recherche d'artisans du bois. Mais si vous ne voulez pas vous soumettre à la taxe imposée, vous pouvez toujours vous faire enrôler dans une compagnie de mercenaire ou de caravanier. Il y a assez régulièrement des disparitions pour que l'on ait régulièrement besoin de main d'œuvre. - Euh, eh bien merci, je verrai cela. Puis-je savoir, ma question pourra paraître idiote, le nom de cette ville? - Notre maire est mort récemment et de façon inexpliqué. C'est le maire qui renomme la ville lors de son élection, et vu qu'elle n'est pas prévue avant dans 3 mois, on ne prononce pas son nom, en signe de deuil. Nos coutumes peuvent vous paraître étrange, mais elles perdurent depuis des générations.
Chapitre 4 - Spoiler:
Ära rentra alors dans l'immense bâtiment, et constata la richesse de l'intérieur. Chaque objet resplendissait d'or et d'argent. Là où devrait se trouver un tissu classique se trouvait de la soie, et au lieu d'une table de bois massif se trouvait une table d'ébène finement sculptée et ciselée, avec un motif viticole sur les contours. Il examina, béat, les fresques sur le mur. Elles désignaient des batailles navales colossales, opposant plusieurs flottes entières. Les détails étaient impressionnants, et un historien averti aurait pu reconnaître facilement de quelle guerre il s'agit. Devant lui s'étendait un myriade d'objets en tout genre, avec une signature discrète gravée ou peinte dans un coin. Il avait beau trouver le système des guildes méprisant, il devait reconnaître que le travail conjugué de plusieurs artisans talentueux pouvait donner des merveilles. Il continua son chemin jusqu'à une grande double porte qui faisait plus de 3 mètres de haut. C'était la seule qui n'était pas gravée, et pourtant elle n'en était pas moins imposante. Il la traversa, et un homme, qui vit bien qu'il était perdu, sûrement un portier, l'accompagna jusqu'au centre de la pièce, en lui indiquant là où se trouvait le Maître des Guildes. Il était vêtu d'habits d'apparence simple, mais on voyait que ce n'était pas fait à partir de matériaux classiques. Il discutait avec un noble faisant commande auprès de la guilde quand Ära arriva. L'homme se retourna et il put enfin apercevoir son visage. Il avait les cheveux roux, mi-longs, originaire de Scandinavie sûrement. Il avait une cimeterre sur le côté, mais qui devait plus servir d'apparat qu'en situation réelle. Il était rare de pouvoir voir une lame courbe dans le pays, encore moins serti d'améthyste.
- Ah, mais vous êtes le jeune homme de ce matin? Tous les marchands ne me parlent que de vous aujourd'hui. Il semblerait que vous ayez le don pour vous faire remarquer à peine arrivé en ville? Quel est le nom de votre ancien maître? - Je n'ai pas été auprès d'un maître sculpteur. J'étais à la charge du bûcheron de mon village, situé à 20 kilomètres de là. Je n'ai jamais imaginé pratiquer l'artisanat comme métier, et je pensais plutôt voyager. - Ah, mais vous savez, voyager ça coûte cher, et vous ne m'avez pas l'air d'avoir l'habitude des combats, bien que vous soyez bien forgé. Ce n'est pas avec de la force brute que vous réussirez à survivre. Pour voyager, il vous faut de l'argent, et de l'expérience. Je vous offre les deux en échange d'une place au sein de notre guilde à condition que vous arriviez à me prouver que vous êtes aussi habiles de vos mains que votre langue l'est pour destituer le mérite d'un artisan, peu importe son niveau.
Chapitre 5 - Spoiler:
Ära partit rapidement, en se dirigeant vers l'auberge que le Maître de Guilde lui avait montré. Alors qu'il allait entrer dans la pièce principale de l'auberge, il ressentit des odeurs nauséabondes lui monter à la tête. Il baissa la tête pour découvrir son origine et vit deux ivrognes positionnés bizarrement sur le mur du bâtiment. L'aubergiste les avait sûrement mis dehors car ils n'avaient pas l'air de vouloir s'arrêter aussi tôt, bien qu'ils n'arrivent même plus à tenir debout. Ära mit son dégoût envers ces rejetés de la société de côté et franchit le seuil de la porte. Le changement était saisissant. On sentait une odeur de houblon et d'orge flotter dans l'air pendant que des hommes étaient assis autour des tables mises à disposition. Il vit passer deux serveuses, dont il soupçonnait le fait qu'elles ne soient pas encore en âge d'être habillé de la sorte et de côtoyer des hommes parfois un peu brutaux. Il entra lentement dans l'auberge, la plupart des clients avaient déjà cessé de regarder dans sa direction, vérifiant juste si un garde venait d'entrer ou non, ce qui risquait de casser l'ambiance pour certains. Il s'assit à une table un peu éloignée, et, après s'être défait de ses armes, s'adossa contre le mur. La scène n'avait rien d'extraordinaire, pourtant ça le fascinait. Cinq hommes jouaient au cartes, pendant que deux autres, encapuchonnés et tout de noir vêtus se tenaient de l'autre côté de la pièce. Il s'étonna de voir des marins aussi loin des côtes, mais il s'attarda plus sur le tavernier. Il était assez volumineux, et montrait un sourire éclatant aux clients, et un poing menaçant pour ceux tentant de parti sans payer. Il était blond, ce qui n'était pas rare dans la région, contrairement à l'homme situé près de Ära. Il était roux, comme le Maître de Guilde, mais ses cheveux étaient lisses. Il portait une claymore sur le côté et un équipement complet en cuir. Il était presque certain qu'il venait d'Écosse, et comme il ressemblait à la description qu'on lui avait faite, il se leva lentement et se rapprocha de la table. L'homme leva à peine les yeux avant de replonger dans sa bière. Ära s'assit en face de lui et le regarda. Il portait une blessure qui commençait à cicatriser le long du bras droit, mais n'avait pas l'air de le déranger, bien qu'elle soit assez récente. L'homme parla soudain, surprenant Ära :
- Tu es le nouveau? Que je te dise tout de suite, il est très rare qu'on accepte des artisans qui n'ont même pas finis leur apprentissage, alors quelqu'un qui travaillait pour un corps de métier complètement différent... Autant te dire tout de suite que les chances ne sont pas de ton côté, et que tu as tout intérêt à être au top lors du test de passage. - Le test de passage? - Quoi, le vieux ne t'en a pas parlé? Tss, il me laisse toujours le sale boulot. M'enfin, écoute moi juste : on va te demander de sculpter deux choses. Tout d'abord, une arme, peu importe laquelle, du moment que tu sais t'en servir. Ensuite, un autre objet dont tu sais te servir, j'ai cru comprendre que tu savais jouer de l'instrument? Ça peut se faire. On te donne deux semaine pour faire ça. Après ça on t'emmènera dans les sous-sols de la Guilde, la suite, tu le sauras bien assez tôt. - Euh, je ne suis pas sûr de bien comprendre, on me demande de me battre pour rejoindre une guilde de commerçants? Comme je te l'ai dis, tu sauras le reste en tant voulu. Pour l'instant je te conseille d'aller pioncer un peu, et ensuite de revenir nous voir. On a un stock de bois en ville, tu peux en prendre un peu, du moment que c'est un bois pas trop rare, et qu'on trouve dans la région. Le bâtiment se trouve juste devant les portes ouest de la ville, tu trouveras facilement.
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